L'antique
Prusa fut fondée vers la fin du IIIe siècle av.
J.C. par le Roi de Bithynie Prusias Ier, au pied
de l'ancien Mont Olympe de Mysie
(une région colonisée par les Phrygians,
les Lydiens et
les Perses) de nos jours
appelé Mont Uludag*, "la grande montagne",
qui culmine à 2 443 m. En 190 av. J.C., à la suite
de leur victoire sur le Séleucide
Antiochos III, les Romains
donnèrent Prusa à leur allié Eumène II, le Roi de
Pergame. Avec la Bythinie,
la ville, désormais appelée Prusa ad Olympium, devint
une province romaine
après la défaite du Roi du Pont
Mithridate VI, en 64 av. J.C.. Les Romains commencèrent
à exploiter les nombreuses sources thermales aux
eaux curatives, des environs. Au cours de la période
byzantine, l'Empereur Justinien
fit construire de somptueux bains
thermaux à Çekirge*. En 1075, les Turcs
Seldjoukides s'emparèrent de Bursa qu'ils durent
abandonner lorsque l'armée de la Première
Croisade marcha sur Nicée.
Les combats entre Seldjoukides et Byzantins pour
la possession de la ville, durèrent jusqu'à ce qu'Alexis
Comnène restore l'autorité byzantine dans la région
qui devint, après la prise
de Constantinople par les Latins
en 1204, le centre de la résistance byzantine avec
à sa tête Théodore Lascaris et Nicée pour capitale.
Osman
Gazi, le fondateur de la dynastie ottomane,
fit le siège de la ville plusieurs fois. En 1326,
celle-ci fut finalement conquise par son successeur,
Orhan Gazi, et devint,
sous le nom de Bursa, la première capitale des Turcs
Ottomans. La ville se développa alors considérablement
et fut embellie par de beaux monuments. Après que
la capitale ait été déplacée à Edirne
en 1364, et bien qu'elle perdit de sa portée politique,
Bursa demeura un important centre de commerce.
A la fin de la Première Guerre Mondiale, le 9 juillet
1920, Bursa fut occupée par la Grèce. Durant la
Guerre d'Indépendance,
le 12 septembre 1922, la ville fut reprise par les
forces armées turques.
Depuis
des siècles Bursa est appelée la "ville
verte" peut-être à cause de la
décoration en faience émaillée
à dominante verte de ses monuments anciens,
mais surtout parce qu'elle est remplie de
jardins et de parcs, et est entourée de vergers
et de verts pâturages. Bursa est le centre
d'une importante région agricole où la culture
fruitière tiend la meilleure place (Bursa
est réputée pour ses succulentes pêches).
Bursa, qui était située sur le prolongement
le plus occidental de la Route de la Soie,
est, depuis le XVe siècle, un grand centre
de sériculture et de production
de la soie avec ses tissus en soie, mais aussi
avec les fils de soie servant à la fabrication
des tapis
d'Hereke.
Aujourd'hui,
Bursa, qui est la cinquième grande ville de
Turquie, semble être en contradiction avec
elle-même puisqu'elle est devenue une ville
industrielle et le centre de la première région
industrielle en Turquie (1962). Les principaux
secteurs industriels
sont l'industrie automobile et la fabrication
de pièces détachées, l'industrie textile (tissu
éponge), l'industrie alimentaire, du cuir,
du prêt à porter, d'articles en métal.
Dans
les années 1860,
Monsieur Mehmetoglu Iskender (Alexandre)
de Bursa eut l'idée d'empiler très serrés
des morceaux de viande de mouton sur une broche
verticale placée devant un brasero. Lorsque la viande
fut bien grillée, il la découpa en lamelles très
fines à l'aide d'un long couteau. Avec le temps,
cette variété de kebab prit l'appellation turque
de "döner kebab" (döner qui tourne)
ou encore "Iskender kebab" (Bursa
Kebab) lorsqu'il est servi avec une sauce tomate,
du beurre fondu très chaud et du yogourt sur une
couche (de
pain) "pide" coupé
en cubes.
Döner
kebab servi au
restaurant-Kebabci
Iskender
Bursa
est une ville qui combine beauté naturelle et aspects
historiques et culturels.
Les principales
curiosités de la ville sont:
La
Mosquée Verte et le Mausolée Vert sont
situés à l'est de la ville. Ces monuments,
qui sont le symbole
de Bursa, sont
appelés ainsi à cause des faiences
vertes d'Iznik qui
recouvrent leurs murs intérieurs. La mosquéeYesil
Cami fut construite
en 1419-1420
par
le sultan Mehmet Ier
Çelebi et l'intérieur fut décoré
d'une mosaique de carreaux de faience émaillée
verte ajoutés par son fils et successeur
Murat II en 1424 après la mort de Mehmet
Ier. La
mosquée est construite sur le plan
en T renversé typique qui caractérise les
premières mosquées ottomanes, et possède un
superbe portail en marbre sculpté. De l'autre
côté de la rue et au milieu d'un jardin se
trouve le mausolée octogonal, le
Yesil Türbe, qui
se distingue par ses faiences bleu-vert (turquoises)
qui recouvrent ses murs extérieurs. Une grande
partie des faiences ont été
remplacées par des faiences de Kütahya
suite aux dégats causés par
le séisme de 1855. Mehmet
Ier mourut
en mai 1421 à Edirne.
Son corps fut amené quarante jours
plus tard à Bursa pour être enterré
dans le türbe élevé sur
ordre de Murat II. En plus du sarcophage du
Sultan Mehmet Ier,
le türbe
contient sept autres tombes appartenant à
des membres de sa famille. Le türbe possède
un très beau mirhab comparable à celui de
la Mosquée Verte. L'ancienne école théologique
ou Medrese
adjacent à la mosquée, abrite le Musée
Ethnographique.
Le
Mausolée Vert
Intérieur
de la Mosquée Verte
Le
sarcophage du Sultan Mehmet Ier est richement
décoré de motifs floraux et
d'inscriptions
calligraphiques
La Mosquée d'Emir
Sultan est une mosquée du début du XIXe siècle
qui en remplace une autre construite à la fin du
XIVe siècle par Hundi Hatun, qui était l'une des
filles de Yildirim Bayezit
Ier et l'épouse d'Emir Sultan, un scientifique
renommé et guide spirituel du sultan. La mosquée
se trouve dans un cadre charmant et depuis la bibliothèque,
l'on jouit d'un magnifique panorama sur la ville,
la Mosquée Verte et le Mausolée Vert.
La
Mosquée de Yildirim Bayezit estsituée
dans un quartier pittoresqueavec ses vieilles
maisons. En plus d'un medrese, d'un türbe et d'un
hôpital, cette mosquée monumentale est tout ce qui
a survécu de l'immense complexe (külliye) construit
entre 1390 et 1399 par le Sultan Yildirim
Bayezit Ier. C'est la première mosquée a avoir
été bâtie sur le plan en T renversé qui caractérise
les premières mosquées ottomanes.
Koza
Han,
qui signifie
le "marché du cocon de soie", est
situé à l'arrière du Parc de Koza où se trouvent
d'agréables cafés en plein air. Koza Han
fut construit en 1491 par le Sultan Bayezit II.
Il était utilisé à la fois
en tant que caravansérail et marché
de la soie car Bursa était la dernière
étape sur la fameuse route de la soie qui
commencait en Chine. Et depuis 1491, le han est
resté le centre de l'industrie et du commerce
de la soie. Le han est composé d'une cour
intérieure entourée par deux étages de magasins.
Chaque année en juin et juillet, les sériculteurs
y apportent les cocons prêts pour la filature.
Ulu
Cami, la Grande Mosquée,
fut construite entre 1396 et 1400 par le sultan
Yildirim Bayezit après
la victoire de Nicopolis
(Nigbolu). La mosquée, qui fut brûlée par Tamerlan
en 1402 et endommagée par des incendies et par le
tremblement de terre de 1855, fut restaurée plusieurs
fois. Elle est composée d'une immense salle centrale
mesurant 63 m de long sur 50 m de large. La caractéristique
de cette mosquée est qu'elle ne possède pas une
coupole centrale, mais 20 coupoles de même taille
soutenues par 30 piliers.
18 des coupoles ont été reconstruites en 1855 après
qu'elles se soient effondrées lors du tremblement
de terre. Une fontaine d'ablutions (sadirvan) s'élève,
de façon assez inhabituelle, à l'intérieur de la
mosquée sous la plus haute coupole. De grandes inscriptions
calligraphiques
sur les pilliers mentionnant les quatre vingt dix
noms d'Allah en écriture divani
et kufi,
ainsi qu'un mimber en noyer finement sculpté du
XVe siècle, ornent la mosquée.
La Mosquée d'Orhan
Gazi est située de l'autre côté du Parc de Koza.
Construite en 1339 par le deuxième souverain ottoman
Orhan
Gazi, la
mosquée faisait partie du Complexe Orhaniye qui
comprenait également un medrese,
deux hammams, un
imaret (soupe populaire) et un han,
dont seuls la mosquée, un hammam et le han ont subsisté.
Incendiée lors du raid des Karamanogullari
en 1413, la mosquée fut reconstruite en 1417 en
pierre et en brique sur le plan en T renversé. A
l'origine, la mosquée ne comportant pas de minaret,
au XIXe siècle il en a été ajouté un à l'angle nord-est.
Le quartier de Hisar (Hisar
signifie la citadelle en turc) est situé à l'emplacement
de l'ancienne ville fortifiée romaine et byzantine.
Dans le parc de ce vieux et pittoresque quartier
se trouvent les Mausolées d'Osman Gazi (1257-1326),
le fondateur de la dynastie
ottomane, et de son fils Orhan Gazi
(1326-1360),
le conquérant de Bursa au début du XIVe siècle.
Les cendres d'Osman,
qui mourut à Sögüt en 1324, furent transférées
à Bursa en 1326. Il semblerait que lui et Orhan
aient été ensevelis dans l'ancien Monastère
Saint Elie transformé en mosquée et en mausolée.
L'ancien 'monastère byzantin ayant été sévèrement
endommagé lors du tremblement de terre de 1855,
de nouveaux türbes
furent érigés sur l'ordre du Sultan
Abdülaziz en 1868, sur
le même plan octogonal. Le sol en mosaiques de la
période byzantine est encore visible.
Une autre facette pittoresque de Hisar est la Rue
des Peintres, "
Ressamlar sokak", où
des artistes locaux travaillent en plein air.
L'intérieur
du türbe d'Osman Bey est décoré
avec raffinement. Son sarcophage,
incrusté de nacre, est entouré
par les cercueils de ses deux autres
fils et ceux d'autres membres de la
dynastie ottomane.
Le
sarcophage d'Orhan Gazi est entouré
par les cercueils de son épouse
Nilüfer Hatun, de ses enfants
et d'autres membres de la dynastie
ottomane.
Le Complexe Muradiye (Muradiye
Külliyesi), qui fut construit par le sultan Murat
II
(1421-1451), est un groupe de bâtiments composé
de la Mosquée
Muradiye
(1424-1426), d'un
medrese, d'un hammam, d'un imaret (soupe populaire),
une fontaine et de türbes
(mausolées). Il y a douze türbes de forme
carrée, octogonale et hexagonale renfermant
quarante sarcophages appartenant à des membres
de la famille impériale qui furent inhumés
autour du türbe de Murat II. Le plus ancien a
été élevé
en 1449 par Murat
II pour son épouse Hüma
Hatun. Le plus récent a été élevé
par le sultan Selim II pour le Sehzade (prince) Mustafa,
le fils de Soliman
le Magnifique. La dernière personne a avoir
été enterrée içi était
la mère du Prince Mustafa, Mahi Devran Kadin,
en 1580.
Vue
générale des türbes et
des jardins
Le
tronc de cet arbre plusieurs fois centenaire
a été préservé
Il était coutume de déposer
de l'argent pour les nécessiteux
à l'intérieur des trous creusés
dans la paroi de la Mosquée Muradiye.
Le
türbe de
Murat II a été élevé
par son fils Mehmet le Conquérant en
1451. La dépouille du sultan a été
placée directement dans la terre sans
être placé dans un cercueil.
Türbe
du Sultan Cem (Sehzade Djem)
Le
türbe du Sultan Cem (Djem) est le plus
richement décoré de tous les
türbes du Complexe Muradiye. Cem, le
gouverneur de la province de Karaman et de
Konya, était le frère cadet
de Bayezit, le gouverneur de Sivas, Tokat
et Amasya. Lorsque leur père, Mehmet
le Conquérant qui avait choisi Cem
comme héritier au trône mourut,
le 21 mai 1481 Bayezit le prince héritier
non content de cette décison se proclama
sultan à Istanbul, et le 28 mai 1481
Cem se proclama Sultan d'Anatolie faisant
de Bursa sa capitale. Cem proposa de partager
l'empire, laissant Bayezit régner sur
leur territoires européens. Bayezit
rejeta la proposition étant pour l'unité
de l'Etat Ottoman. Il marcha sur Bursa et
défit Cem à la bataille de Yenisehir.
Cem s'enfuit au Caire où il reçut
une lettre de son frère lui offrant
une grande somme d'argentpour le dissuader
du trône. Cem refusa, revint au pays
et sans succès assiégea Konya.
Alors qu'il se préparait à s'enfuir
de nouveau au Caire Pierre
d’Aubusson, le grand maître français
de l'Ordre des Hospitaliers, l'invita à
Rhode mais il fut joué car il n'obtint
pas l'autorisation de quitter l'île,
Bayezit ayant conclu un accord avec le chevalier
(en fait un pacte de non-agression si les
chevaliers retenaient Cem captif). Lorsqu'il
fut envoyé en exil en France, Cem passa
trois années entre 1486 et 1489 à
Bourganeuf (Creuse) dans la "Tour de
Zizim" (un nom dérivé de
CemCem). En mars 1489 Cem fut envoyé
à Rome et
le Sultan Bayezit demanda à ce qu'il
fut retenu là-bas et paya pour ses
dépenses. Le pape Innocent VIII eut
l'intention d'organiser une croisade (idée
qui fut rejetée par les autres pays
occidentaux) et voulant utiliser Cem à
cette fin, lui proposa de se convertir au
christianisme. Suite à son refus, le
pape menaça Bayezit de libérer
Cem. Le pape reçut une important somme
d'argent en échange de la captivité
de Cem. Celle-ci prit fin lorsque le Roi de
France Charles VIII marcha sur Rome en 1494
et le captura le 27 janvier 1495. Le roi avait
en tête de le ramener en France mais
Cem tomba malade et mourut à Naples
le 25 février 1495 (il aurait été
empoisonné). Bayezit tenta de ramener
les cendres de Cem. Après quatre années
de discussions, Cem fut finalement ramené
sur le territoire ottoman et fut enterré
à côté des Sehzade Mustafa,
son second frère mort en 1474, Sehzade
Abdullah (1485) et Sehzade Alemsah (1503),
fils de Bayezit II.
Türbe
du Sehzade Cem
Türbe
du Sehzade Mahmut (1507),
fils de Bayezit II
Türbe
de Hüma Hatun, l'épouse
du sultan Murat II
mère de Mehmet le Conquérant.
Les
autres centres d'intérêt de Bursa comprennent le
Musée Archéologique qui se trouve dans le
Parc de la Culture (Kültür Parki), et le MuséeAtatürk sur la
route de Çekirge. Le Musée de la Ville (Kent Müzesi), ouvert
récemment, est situé dans l'ancien Palais de Justice,
un bâtiment historique datant de la première période
de l'Architecture Nationale Turque. Ce musée des
plus intéressants raconte et expose de façon vivante
le passé et le présent de Bursa et de sa région.
Bursa
est également une station thermale réputée. *
Çekirge, situé à l'ouest de Bursa, est
connu depuis la période romaine
pour ses sources chaudes riches en minéraux. Les
bains thermaux se trouvent dans certains hôtels
mais aussi dans les hammams
historiques. Yeni Kaplica
(les Nouveaux Bains Thermaux) furent construits
en 1552 par Rüstem Pacha, le Grand Vizir de Süleyman
the Magnificent. Eski Kaplica (les Anciens
Bains Thermaux), construits à l'emplacement des
thermes byzantins, sont les plus anciens et les
plus intéressants de la ville. Les Bains de Karamustafa
Pacha sont réputés pour avoir les meilleures
eaux chaudes minérales de la région.
Les monuments de Çekirge qui retiennent l'attention
sont la Mosquée de Murat Ier qui fut construite
en 1363 par un architecte italien fait prisonnier
par le sultan. La mosquée présente le plan typique
en T renversé mais quelques détails, tels la galerie
de la façade, les arcades entourant la partie supérieure
de l'édifice et les fenêtres en ogive ornées de
fines colonnettes, dénotent une influence italienne.
Le Türbe de Murat Ier, qui mourut à la Bataille
de Kossovo en 1389, s'élève en face de la mosquée.
Endommagé lors du tremblement de terre de 1855,
le türbe fut reconstruit par Abdülhamit
II.
Le monument deKaragöz
commémore le personnage dont les bouffonneries pleines
d'humour sont immortalisées dans le théâtre
d'ombres.
Uludag,
appelé Olympe de Mysie dans l'antiquité, est situé
à 36 km de Bursa et est un parc national depuis 1961.
Cette station de sports d'hiver, qui est la plus importante
de Turquie, offre de nombreuses activités tant en
hiver qu'en été (camping, trekking, picnic), ainsi
que de nombreuses facilités d'hébergement et de divertissement.
La saison de ski s'étend de la mi-décembre à la mi-avril.
Il est possible de se rendre à Uludag par la route
où en emprûntant le téléférique depuis Bursa.