LA
PERIODE GRECO-PERSE A PARTIR DU VIe SIÈCLE av. J.C.
La
Route Royale construite par les Perses au
VIe siècle av. JC.
Voies
principales de communication en Anatolie
La
conquête des Perses Achéménides: les
Mèdes, alliés à Babylone, provoquèrent la
chute de Ninive en 612 av. J.C, entraînant
la fin de l'hégémonie des Assyriens. Les
Perses avaient aidé les Mèdes à établir
leur puissance, mais vers 550 av. J.C.,
le Perse Cyrus, fondateur de la dynastie
achéménide, pris le pouvoir des mains d'Astyages.
En peu de temps il étendit ses conquêtes
au nord et à l'ouest, et pénétra en Asie
Mineure. Il envahit la Lydie,
prit Sardes et
fit prisonnier le roi Crésus. Il progressa
jusqu'aux Détrots, assujetissant une à une
les cités grecques
d'Ionie, d'Eolie et de Doride. L'Asie Mineure
fut divisée en provinces appelées "
satrapie " gouvernées par un
" satrape ". De manière
à empêcher la concentration des pouvoirs
dans les mains d'un seul homme, le roi perse
envoyait ses représentants officiels qui
portaient le titre d' " oeil du roi
" afin de surveiller les satrapes.
Ces derniers devaient payer un lourd tribut
au roi, et eux-mêmes levaient des impôts
et recrutaient des mercenaires pour l'armée
perse.
Persepolis
Bas-relief de Darius Ier
Persepolis
Bas-relief d’un soldat perse
En
plus de la mise en place d'une administration
efficace, les Perses établirent un réseau
de communications rapides. Ils construisirent
la Route Royale qui allait de Sardes,
où était situé le siège de leur administration
en Asie Mineure occidentale, jusqu'à Suse,
la première capitale des Achéménides.
Sur le plan culturel, les Persans
ne s'imposèrent pas, au contraire,
ils emprûntèrent à l'art et à la pensée
grecs, comme ils le firent avec d'autres
cultures avancées au contact desquelles
ils enrichirent leur civilisation.
Daskyleion, située près du
Lac de Manyas, est un des rares endroits
en Asie
Mineure où l'on ait retrouvé des
témoignages (reliefs) montrant l'influence
perse.
Sardes - Plaques d'une ceinture en
or décorée de sphinxes
Daskyleion - Stèle funéraire
gréco-perse -
Ve S. av J.C.
Musée
Archéologique d'Istanbul
Les
révoltes des cités grecques ioniennes: au début
du Ve siècle av.J.C., les cités d'Ionie,
menées par Milet, se révoltèrent
contre l'administration perse de Lydie (Sardes).
Ils demandèrent de l'aide auprès de la Grèce et
furent soutenus par les Athéniens qui attaquèrent
et brûlèrent Sardes. Le roi Darius Ier réprima
la révolte et organisa une expédition punitive contre
les cités-états en Grèce, pensant inclure la Grèce
à son vaste empire. Ces évènements marquèrent le
début des Guerres Médiques. Cependant les
Perses essuyèrent des défaites : Darius Ier à la
bataille de Marathon (490), Xerxès à Salamine
(480) Platée et Mycale (479). Ces épisodes glorieux
pour les Grecs furent célèbrés par Hérodote.
Avec à leur tête les Athéniens, les états grecs
de l'Egée formèrent la Ligue de Délos
afin de libérer les cités grecques d'Asie Mineure
qui vivaient sous la menace de la revenge des Perses.
La Perse qui sombra dans une confusion de troubles
dynastiques, continua à imposer sa suzeraineté pendant
encore un siècle et demi, malgré d'autres révoltes
des cités anatoliennes qui durent attendre la venue
d'Alexandre le Grand pour être libérées du
joug perse.
ALEXANDRE LE GRAND
L'EMPIRE
PERSE ET ALEXANDRE A
cités fondées par Alexandre
. cités fondées
par ses successeurs
Alexandre
III de Macédoine (356-323 av.J.C.), le fils
du brillant souverain et stratège Philippe
II de Macédoine, naquit à Pella. Il fut l'un
des plus grands génies militaire de l'histoire.
Il conquit une grande partie de ce qui était alors
le monde civilisé, poussé par la divine ambition
de conquête et de souveraineté universelle.
A l'âge de douze ans, il dompta le beau et fougueux
Bucéphale, un cheval que personne ne pouvait monter.
Entre treize et seize ans il eut Aristote
pour précepteur. Pendant l'expédition de Philippe
contre Byzance en
340 av. J.C., il reçut la garde du sceau royal
alors qu'il n'avait que seize ans. A dix-huit
ans, aux côtés de son père, il soumit les Athéniens
et les Thébains. Sparte resta la seule cité grecque
à y échapper.
Au printemps 336, Philippe décida d'envoyer son
amée en Asie Mineure
afin de libérer les cités grecques du littoral
de la domination perse, mais il fut assassiné
avant son départ. C'est ainsi qu'à l'âge de vingt
ans Alexandre devint le nouveau roi de Macédoine.
L'élimination de Philippe provoqua des soulèvements
des peuples du nord et de l'ouest, et les états
grecs se libérèrent de l'hégémonie macédonienne.
Alexandre fit des campagnes-éclair par delà le
Danube, en Thrace en 335, et dans les Balkans.
Thèbes s'étant révoltée, il la prit par surprise
et la détruisit n'épargnant que les temples, ce
qui servit de leçon autres cités grecques.
Alexandre
décida de mener la campagne interrompue
de son père contre les Perses. L'armée fut
accompagnée par des explorateurs, ingénieurs,
architectes, savants, officiels de la cour
et historiens. Au printemps de 334, Alexandre
traversa les Dardanelles
(Hellespont). Près de Troie
il défit l'armée perse à la Bataille de
Granique. Durant l'hiver 334-333 Alexandre
conquit l'ouest et le sud-ouest de l'Asie
Mineure (Lycie, Pamphylie, Pisidie) et la
plupart des cités ouvrirent leurs portes.
Il prit d'abord possession de Sardes
où se trouvait le siège du gouvernement
Perse de ce côté des Taurus.
A Gordion,
la tradition veut qu'il y aie coupé le Noeud
Gordien. Ensuite il se rendit à Ankyra,
et plus au sud en Cappadoce
et en Cilicie. A la Bataille d'Issos
il défit Darius III et le camp du
grand roi et son harem tombèrent entre ses
mains.
En
332 av. J. C. il conquit la Syrie, la
Phénicie et l'Egypte. Au printemps de
331 il frappa au coeur de l'Empire Perse.
Darius III s'échappa une fois de plus
mais son armée fut anéantie à la bataille
de Gaugamela, la dernière grande bataille
de la guerre qui eut lieu entre Ninive
et Arbela le 1er octobre 331 av. J.C..
Babylone accueillit Alexandre comme
le " Roi de l'Asie ". Il entra
ensuite dans Persépolis, capitale Perse
et berceau de la dynastie Achéménide,
qu'il incendia.
Durant l' été 330 il poursuivit Darius
III jusqu'à Skirmish aux portes de la
Mer Caspienne, où il le retrouva mort,
assassiné par le satrape usurpateur
Bessus qu'il captura et fit exécuter
plus tard en 328. Alexandre organisa
des funérailles grandioses pour le dernier
empereur perse.
Persépolis
Comme
il n'y avait plus d'obstacle à ce qu'il
devint définitivement le " Grand
roi ", entre l'hiver 330 et 325,
Alexandre partit en campagne en Asie Centrale,
en Inde, atteignant l'embouchure de l'Indus.
Vers la fin de 324 il était de retour
à Babylone.
Le 10 juin 323 Alexandre mourut mystérieusement
(peut-être empoisonné lors de festivités
données en l'honneur du départ de Néarque
pour l'Arabie) alors qu'il n'avait que
trente-trois ans.
LES ROYAUMES HELLENISTIQUES
La nouvelle ère, qui
débuta avec Alexandre
le Grand et qui se termina avec l'empereur romain
Auguste (30 av. J.C.),
est appelée Période hellénistique où l'esprit
oriental s'est mélangé à la civilisation grecque.
Un héritier n'ayant
pas été désigné pour la succession au trône, l'empire
fondé par Alexandre le Grand ne lui survécut
pas. Il fut partagé entre ses généraux (appelés
Diadoques) Ptolémé Lagide (Egypte
et Palestine), Cassandre (Macédoine et Grèce),
Séleucos Nicator (Mésopotamie, Syrie et Iran)
Antigonos (Asie Mineure) et Lysimaque
(Thrace, Mysie, Lydie et la plupart des cités grecques
d'Asie Mineure).
Après plus de quarante ans de guerres entre les
généraux d'Alexandre, trois principaux royaumes
émergèrent de la tourmente : le Royaume Ptolemaique
en Egypte, le Royaume Antigonide en Macédoine, et
le Royaume Séleucide.
Le Royaume Séleucide, le plus vaste des trois,
comprenait désormais la plupart de l'Asie
Mineure et les anciens territoires attribués
à Séleucos Ier Nicator. Il fut un grand
souverain qui propagea la culture hellénistique
vers l'est, construisit plusieurs villes portant
son nom (Séleucie) et fit d'Antioche
sur l'Oronte la capitale de son Empire. Il vainquit
Antigonos à la Bataille d'Ipsos en 301 et Lysimaque
à la Bataille de Corupedion en 281 av. J.C et
absorba leurs royaumes dans l'Empire Séleucide.
Cet empire fut à son apogée sous le règne d'Antiochos
III. Mais en 194 av. J.C., quand il ajouta
la Thrace à ses
possessions, les Romains réagirent en lui déclarant
la guerre. Antiochos III fut défait à la Bataille
de Magnésie (189) et ses territoires situés au
delà des Taurus, passèrent aux mains des Romains.
Après ces évènements, la Parthie et l'Arménie
furent les premières à prendre leur indépendance.
L'Empire Séleucide continua à perdre ses possessions
à cause des guerres, des rebellions. L'Anarchie
et de l'instabilité se terminèrent par le parcellement
de l'Asie Mineure en royaumes indépendants de
Bithynie, de Paphlagonie, du Pont,
de Cappadoce,
de Commagène, de Cilicie, de Pergame. En 64 av.
J.C. Pompée mit fin à l'Empire Séleucide
qui était réduit à la Syrie et à la Palestine
lors son annexion par Rome.
Le
Royaume de Commagène : la Commagène,
une province de l'Empire Séleucide, était
située
sur la rive droite de l'Euphrate.
La capitale du Royaume de Commagène était
Samosata (Samsat), aujourd'hui submergée
par les eaux du Barrage
Atatürk.
La région prit d'abord le nom du Royaume
Néo Hittite de
Kummuh qui dura de 1000 à 708 avant
J.C., date à laquelle il fut incorporé au
Royaume Assyrien par Sargon II. Après la
domination perse (553-333 av. J.C.), Kummuh
passa sous la domination Séleucide de Seleucos
Ier Nicator et son nom fut changé en
Commagène durant la période héllenistique.
Lorsque
le gouverneur Samos se révolta en 163 av.
J.C., il se proclama indépendant et prit
le titre de " roi ptolémaique ".
A partir de 162 av. J.C., une longue période
d'insurrections s'ensuivit. L'indépendance
de la Commagène fut proclamée en 80 av.
J.C. par le roi Mithridate Ier Kallinikkos,
le fils et successeur de Samos II.
Antiochos
IerEpiphanes (69 - 31 av. J.C.)
revendiqua sa descendance séleucide par
le marriage de son père Mithridate Ier avec
Laodiké,
la fille du dernier roi Séleucide Antiochos
VIII Philometor Grypos. Le roi d'Arménie
Tigrane, qui considérait être le successeur
des Séleucides, annexa temporairement la
Commagène. Suite à l'intervention des Romains,
Antiochos Ier fut reconnu comme roi et allié
des Romains par Pompée. Ce fut la période
la plus prospère de l'histoire de la Commagène.
Antiochos Ier instaura le culte du roi-dieu
pour lui-même et pour ses ancêtres et fit
construire un tumulus et un imposant sanctuaire,
réalisation étonnante et grandiose au sommet
du Nemrut Dað
(Mont Nemrod).
Nemrut
Dað
Mithridate
II (31 - 20 av. J.C.) ayant marié sa
fille au roi parthe Orode II (ennemi de
Rome) et soutenu le mauvais camp lors de
la Bataille d'Actium (Marc
Antoine contre Octavien, le futur Empereur
Auguste), la Commagène perdit la faveur
de Rome et fut
tenue sous étroite surveillance jusqu'à
la mort d'Antiochos III en 17 ap.
J.C. La Commagène fut annexée par Tibère
jusqu'à ce que Caligula, en 38 ap. J.C.
restaure le royaume pour son ami Antiochos
IV, très vite déposé et rétablit en
41 par Claude. Vespasien, en 72, annexa
le royaume à la province romaine de Syrie
après qu'Antiochos IV ait été déposé pour
avoir soi-disant conspiré avec les Parthes
contre Rome.
La Commagène était la synthèse entre l'Est
et l'Ouest, et entre les cultures perses
et Hellénistiques.
Le
Royaume de Pergame: Lysimaque, qui
avait amassé d'immenses richesses entreposées
à Pergame
(Mysie), mourut en 281 av. J.C., défait
par Séleucos. Philetère, un de ses lieutenants
et le gardien de sa fortune, était un
bon administrateur qui réussit à gouverner
Pergame en tant que vassal du Royaume
Séleucide. Ayant assuré les Séleucides
de sa loyauté, il fonda son propre royaume.
En 263 av. J.C., le neveu de Philetère,
Eumene Ier (263 - 241 av. J.C.),
fit une alliance avec l'Egypte, défit
le roi séleucide Antiochos Ier et proclama
son indépendance. Il est considéré comme
étant le premier roi de Pergame et le
fondateur de la dynastie des Attalides
(nom provenant de son grand-père Attale
de Tios).
Son
parent et fils adoptif Attale Ier (241
- 197 av. J.C.) vainquit et repoussa les Galates
dans le centre-nord de l'Asie
Mineure. Il établit également de bonnes
relations avec Rome.
Son fils Eumène II (197 - 159 av. J.C.)
fit des alliances avec les Romains qui avaient
pénétré en Asie Mineure. Ensemble ils défirent
Antiochos III à la Bataille de Magnésie en
189 av. J.C, et Eumène II reçut les territoires
séleucides situés dans l'ouest de l'Asie Mineure.
La riche et puissante Pergame devint une des
cités hellénistiques les plus importantes
et son Acropole était une des plus belles
de son temps. Attale II (160 - 138
av. J.C.), le fondateur d'Attalaia (Antalya)
suivit la même politique que son père. Son
neveu, Attale III (138 - 133 av. J.C.),
qui n' était pas intéressé par le affaires
de l'Etat, négligea son royaume, permettant
à Rome d'accroître son influence sur Pergame.
Il légua son royaume à Rome qui respectait
Pergame. Elle conserva ainsi son statut de
ville libre, riche et culturelle.
En 88 av. J.C., avec Ephèse
et d'autres cités de la région, Pergame se
rallia à Mithridate VI, roi du Pont, dans
une révolte contre Rome. Elle perdit ainsi
son indépendance et devint une cité romaine.
Le Royaume du Pont : lorsque Mithridate
de Cius sur la Propontide, qui était un prince
d'origine perse au service d'Antigonos, fut
tué en 302 av. J.C., son fils Mithridate
I profita de la confusion causées par les
guerres entre les Diadoques
pour se libèrer des Séleucides. Il vint en Cappadoce
du Pont, une région située au nord-est de l'Asie
Mineure en bordure du Pont-Euxin (la
Mer Noire) et fonda le Royaume Indépendant
du Pont (301 av. J.C.) dont il devint le roi
jusqu'à sa mort en 266 av. J.C.. Il fut suivi
par Ariobarzane (mort vers 258 av. J.C.), Mithradate
II (jusqu'en 210 av. J.C. environ), Mithridate
III (jusqu'en 190 av. J.C environ), Pharnace
(jusqu'en 170 av. J.C.), Mithridate IV (jusqu'en
150 av. J.C. environ), Mithridate V (jusqu'en
121 av. J.C.) et Mithradate VI Eupator,
aussi appelé Mithradate VI le Grand. Depuis
le règne de Pharnace, les rois du Pont furent
les alliés de Rome.
Cependant Mithridate VI se révolta contre leur
domination, massacrant des colons romains. Les
trois guerres qu'il mena contre les Romains
(88-84, 83-81, 74-64 av. J.C.) furent des échecs,
et finalement son royaume, qui s'était agrandi
avec la conquête des régions côtieres depuis
la Bithynie jusqu'à la Colchide, la Paphlagonie
et l'Arménie, passa aux mains des Romains (63
av. J.C.). Son fils, Pharnace II fit
une tentative pour reprendre le contrôle du
Pont et de l'Arménie, mais il fut vaincu à la
bataille de Zila (Zile près d'Amasya)
par Jules César qui annonça au Sénat
sa victoire par sa fameuse phrase lapidaire
" Veni, Vidi, Vici
" (je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu).